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Appel à communication - Cartographie d’espaces en mouvement : les genres littéraires. Définition, exploration, subversion.

Publié le 24 février 2016 Mis à jour le 6 février 2018

Les projets de communication sont à adresser avant le 1er avril 2016.

Date(s)

le 1 avril 2016

Le séminaire se déroulera le 20 mai 2016.
Lieu(x)
Université Paris-Ouest Nanterre La Défense

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Cartographie d’espaces en mouvement : les genres littéraires.

Définition, exploration, subversion.

 

            Depuis La Poétique d’Aristote, la notion de genre constitue une grille de lecture de la production littéraire. Elle propose une typologie qui conjoint critères esthétiques, thématiques, énonciatifs, stylistiques, en s’appuyant sur une série de conventions discursives (Jean-Marie Schaeffer). Elle façonne en outre l’horizon d’attente du lecteur et les usages sociaux du texte (Hans Robert Jauss) et doit donc s’envisager sur le double plan de la réception et de l’écriture.

            Pourtant, les usages de la catégorie du genre révèlent une appréciable souplesse et un grand éventail de pratiques littéraires. Au fil des siècles, la critique a vu évoluer son discours sur le genre: des classifications prescriptrices de Platon et Aristote aux travaux descriptifs plus souples de Käte Hamburger et Gérard Genette, en passant par les artes médiévaux et arts poétiques renaissants, l’équilibre entre théorisation et pratiques d’écriture n’a de cesse d’être remis en chantier. La question du genre s’ancre intimement dans le contexte esthétique d’une époque, et ne se pose pas dans les mêmes termes des siècles anciens, terreau de germination de la plupart des grands genres mais aussi d’autres tombés en désuétude, à la modernité, qui s’écrit en palimpseste à partir de cet héritage. La littérature contemporaine, qui s’amuse à brouiller les frontières génériques, se distingue précisément par sa méfiance envers toute visée taxinomique. La question des genres, de laquelle se rapproche celle des écoles esthétiques et des mouvements littéraires, serait-elle aujourd’hui caduque ? N’aurait-elle de pertinence que dans le cadre de la recherche ou de la critique littéraire ? Ou conserve-t-elle encore la dimension de matrice dynamique qui pouvait être la sienne dans les siècles anciens ? En tant que notion théorique, porteuse de normes et de codes, le genre est un outil privilégié du chercheur qui se saisit ainsi des contours et des lignes de force de son corpus. À travers ce schème générique peut surgir la singularité des pratiques : application ou détournement du canon, révérence ou parodie jusqu’à l’éclatement de la catégorie elle-même.

            C’est ce rapport au genre que nous voudrions interroger, dans le croisement des analyses macroscopiques et ponctuelles. Comment les auteurs s’approprient-ils les différentes contraintes fondatrices des genres littéraires ? Quel rapport, de fidélité ou de déplacement, voire de conflit, s’établit au fil des siècles et des écritures à ce modèle traditionnellement prescriptif ? Comment les motifs de l’imitation, de l’influence ou de l’héritage sont-ils thématisés dans les œuvres et comment l’écriture individuelle peut-elle, à son tour, informer le genre où elle s’établit ? Et qu’est-ce que la recherche tire concrètement de l’exploitation de cette catégorie qu’elle utilise de manière ambivalente, à la fois comme élément de définition et comme cadre à dépasser ?

 

            Cette journée voudrait ainsi s’articuler autour de trois axes directeurs :

 

  • Le genre comme outil épistémologique. Dans quelle mesure le genre fonctionne-t-il comme un outil critique ? En définissant le canon de l’extérieur des œuvres et par regroupement parfois lâche, les catégories génériques ne nous servent-elles pas avant tout à faire saillir les variantes au sein des œuvres qui s’en réclament ? Faut-il les considérer comme des repères esthétiques dont les frontières seraient plus nettes que l’empan ?
  • Le genre comme esthétique. Comment les œuvres contribuent-elles à façonner le modèle des catégories génériques, sur les plans discursif, stylistique, thématique, formel ? Comment la référence à un genre particulier informe-t-elle les attentes du lecteur, et comment le texte joue-t-il de cette complicité tacite ? Quels rapports de filiation ou de mise à distance se jouent sur la scène textuelle ?
  • Le genre comme catégorie historique. Quels enjeux s’associent aux efforts de classification générique au fil de l’histoire littéraire ? Les hiérarchies qui distinguent les genres entre eux varient-elles en fonction des époques et selon quelles lignes de force ? Les genres s’inscrivent-ils dans des problématiques historiques ou politiques et demandent-ils ainsi à être appréhendés selon une logique extérieure au texte ?

             Cette journée s’organise volontairement autour d’une question qui permet d’aborder l’ensemble des périodes de l’histoire littéraire et des esthétiques, afin d’inviter les doctorants et doctorantes à se réunir autour d’enjeux partageables par toutes et tous. L’objectif de cette rencontre est d’offrir un terrain d’expérimentation accueillant aux jeunes chercheurs et chercheuses qui voudraient s’interroger sur leurs outils, tester leurs hypothèses et présenter les difficultés qu’ils ou elles rencontrent au sein d’un dialogue avec les membres du laboratoire. Un temps d’échange et de questions sera ménagé après chaque intervention dans cette perspective.

 

Bibliographie

ARISTOTE, La Poétique, trad. Dupont-Roc et Lallot, Paris, Seuil, 1980.

COMBE, Dominique, Les Genres littéraires, Paris, Hachette supérieur, 1992.

HAMBURGER, Käte, Logique des genres littéraires, Paris, Seuil, 1986.

JENNY, Laurent, « Méthodes et problèmes, Les genres littéraires », 2003, en ligne sur <http://www.unige.ch/lettres/framo/enseignements/methodes/genres/glintegr.html>;

GENETTE, Gérard, Introduction à l’architexte, Paris, Seuil, 1979.

GALAND-HALLYN Perrine, HALLYN, Fernand, Poétiques de la Renaissance, Genève, Droz, 2001.

JAMES-RAOUL, Danièle, Les Genres littéraires en question au Moyen Âge, Eidôlon, n°97, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2011.

JAUSS, Hans Robert, « Littérature médiévale et théorie des genres », dans Gérard GENETTE, Hans Robert JAUSS, Jean-Marie SCHAEFFER, Robert SCHOLES, Wolf Dieter STEMPEL, Karl VIËTOR, Théorie des genres, Paris, Editions du Seuil, 1986, p. 37-76.

NEIVA Saulo et Alain MONTANDON (dir.), Dictionnaire raisonné de la caducité des genres littéraires, Genève : Droz, 2014.

SCHAEFFER, Jean-Marie, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, Paris, Seuil, 1989.

SCHAEFFER, Jean-Marie, Théorie des genres, ouvrage collectif, Paris, Seuil, Points, 1986.

VAILLANT, Alain, L’Histoire littéraire, Paris, A. Colin, « U Lettres », 2010.
               

Les propositions de communication (250 à 300 mots) accompagnées d’une courte présentation du/de la doctorant-e et de son champ de recherche sont à adresser avant le 1er avril à Morgane Kieffer et Isolde Lecostey : kieffermo@gmail.com isolde.lecostey@gmail.com

Le CSLF pourra prendre en charge les frais de déplacement des doctorant-e-s résidant loin de l’université et souhaitant participer à la journée.


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Mis à jour le 06 février 2018